Sélectionner une page

Le pitch

Le 5 janvier 1895, Émile Zola dîne, comme à l’accoutumée, chez son ami Alphonse Daudet. Le fils de ce dernier, Léon Daudet, pamphlétaire nationaliste et antisémite, rentre de l’École Militaire où il vient d’assister à la dégradation du capitaine Dreyfus, événement qu’il couvre pour Le Figaro.

Son article est prêt. Il en donne un résumé ignominieux. Zola s’indigne.

De cette confrontation, Émile Zola ressort transfiguré. Il décide alors de se lancer dans ce qui devient déjà « l’Affaire », celle d’une idéologie toujours cruellement d’actualité et qu’il a eu, souvent seul, le courage de combattre.

C’est ce soir-là que tout a commencé.

Pierre Azéma incarne Emile Zola dans "Zola l'infréquentable" de Didier Caron au Théâtre de la Contrescarpe Bruno Paviot et Pierre Azéma dans "Zola l'infréquentable" de Didier Caron au Théâtre de la Contrescarpe © Fabienne Rappeneau Bruno Paviot incarne Léon Daudet dans "Zola l'infréquentable" de Didier Caron au THéâtre de la Contrescarpe © Fabienne Rappeneau Bruno Paviot et Pierre Azéma dans "Zola l'infréquentable" de Didier Caron au Théâtre de la Contrescarpe © Fabienne Rappeneau Bruno Paviot incarne Léon Daudet dans "Zola l'infréquentable" de Didier Caron au THéâtre de la Contrescarpe © Fabienne Rappeneau

Notre avis 

Un décor minimaliste et intimiste qui laisse toute ampleur aux acteurs et aux textes; un éclairage inspiré, pertinent et impertinent de l’Affaire, avec un grand A mais pas seulement !

Pierre Soulages aurait pu teinter  de cet outrenoir (dont lui seul détenait le secret)  ce duo, ce duel, cette joute verbale quasi tribale tant elle fait saillir les blessures profondes, les cicatrices encore à vif d’une société qui souffre encore de ces maux dits : « antisémitisme », « radicalisme », « ostracisme ».

Ce tandem restitue avec subtilité l’ambivalence de ces deux personnages : Zola l’écrivain, l’homme, l’amant, le héros, l’insurgé du célèbre « j’accuse » et Daudet…Léon, fils de l’ombre, pamphlétaire pernicieux, en quête de reconnaissance

Nous n’avons pas manqué de nous délecter de leur joute oratoire , de savourer le fiel, lâché ci et là, des répliques . Nous nous sommes délectés de l’écoute  complice de soliloques croustillants et sommes restés cois devant les embardées et les voltes face de ces deux personnages.

Si l’un est devenu infréquentable, nous ne sommes pas parvenus  à trouver l’autre complètement détestable…

La plume de Didier Caron est décidément bien agile, aiguisée, précise.

Pierre Azema nous propose un Zola incroyablement crédible et incarné…

Quant à Bruno Paviot : bravo, nous vous découvrons et avons même trouvé votre personnage attendrissant ( bien que « détestable »… évidemment !!)

Pour conclure : il fait bon fréquenter les bancs du théâtre de la contrescarpe jusqu’au 13 janvier !!

 

Informations utiles

La bande annonce 

Distribution

  • Texte et mise en scène : Didier CARON
  • Distribution : Pierre AZÉMA et Bruno PAVIOT
  • Créateur lumières : Denis SCHLEPP
  • Costumes : Mélisande de SERRES
  • Scénographe : Capucine GROU-RADENEZ
  • Perruques : Vincenzo FERRANTE

Réservations

Billeterie: Théâtre de la contrescarpe 

les MERCREDIS, JEUDIS et VENDREDIS à 21h
• les SAMEDIS à 20h30
• les DIMANCHES à 16h30
Relâches les 24 et 25 décembre

Durée du spectacle : 1h25

 

Pour en savoir plus

NOTE DE L’AUTEUR 

Beaucoup de choses ont été dites et écrites sur Émile Zola.
Que pouvait-on rajouter, au portrait de l’illustre auteur et homme remarquable, qui n’ait été prononcé ?

En cela, la vision de Léon Daudet, pamphlétaire peu recommandable et romancier médiocre, contemporain d’Émile Zola, représentait un éclairage captivant : grâce à la renommée de son père, Daudet fils côtoya les grands noms de l’époque qui étaient reçus dans la demeure familiale. Daudet décrivit dans ses ouvrages, notamment dans ses Souvenirs des milieux littéraires et artistiques et médicaux, des anecdotes au plus près de ce qu’il avait réellement vécu avec Émile Zola. Les deux hommes ne s’appréciaient guère et, ce qui était intéressant dans la vision de Daudet fils et qu’il faut pondérer vu le pedigree détestable de l’individu, c’est l’image d’un Zola peut-être moins lisse, moins grandiose et plus humaine, avec ses qualités et ses défauts, que celle traditionnellement véhiculée.

Grâce aussi à d’autres informations de respectables biographes de Zola, il m’a été permis de modeler une image moins consensuelle de l’auteur de Germinal, tout en ne niant évidemment pas la grandeur de l’homme qu’il fut, mais en y apportant quelques nuances dans ses motivations, ses actions, voire sa sincérité notamment dans l’Affaire Dreyfus.

J’ai souhaité esquisser un portrait plus ambivalent d’Émile Zola à travers cette relation véridique et conflictuelle avec Léon Daudet.

L’autre motivation pour écrire « Zola l’infréquentable » était, hélas, l’extraordinaire similitude avec ce que notre époque traverse toujours maintenant, cet antisémitisme virulent qui n’a jamais disparu et qui était toléré, admis au grand jour en cette fin de XIXème siècle et auquel Zola s’est courageusement opposé.

Parler d’hier, c’était aussi parler d’aujourd’hui.

Zola était infréquentable pour ceux qui le détestaient à l’époque, et Dieu sait si Léon Daudet en faisait partie, néanmoins il restera comme l’un de nos plus grands romanciers et un homme rempli de courage, défenseur de la vérité, « un moment de la conscience humaine » comme le dira Anatole France. Un homme à qui l’on refusa injustement l’entrée à l’Académie Française, mais un homme avec ses failles, ses parts d’ombre et la complexité humaine qui anime chacun d’entre nous.